Te souviens-tu du jour où tu m’as dit Je voudrais que tu m’attaches.
Cela faisait un moment que nous naviguions sur des sites de bondage et de shibari. Autant les sanglages de cuir et de chaînes nous laissaient indifférents, autant nous trouvions attirants tous ces corps encordés. Non pas tant pour l’apparente soumission qui s’en dégageait que pour le pur aspect esthétique de la chose. Nous avions découvert les photos d’Araki et j’avais commandé The seductive art of Japanese bondage, un livre de Midori – une fetish diva americano japonaise – et nous l’avions feuilleté ensemble avec fièvre. Tout y était merveilleusement bien expliqué. Tant pour l’esprit que pour la technique. Et les photos de Graig Morey étaient magnifiques. Vint le jour où il fallut bien que je tente mon premier Shinju, un encordage de tes seins. Je veillais à bien passer la corde de chanvre sans que le frottement ne te blesse. Je serrais juste ce qu’il fallait, toujours en contact avec toi qui m’encourageait. Tu étais heureuse de ta poitrine qui pointait sous la pression des cordes. Fière de toi. Du bout de langue je titillais tes seins et tu gémissais de plaisir. Lorsque je suis passé à un Karada, un enlacement complexe qui te couvrait le corps d’un réseau de croisements de cordes t’englobant la poitrine et le sexe, tu as gémi alors que tes grandes lèvres se gonflaient sous la pression du chanvre. Je me sens plus que nue et pourtant habillée comme jamais as-tu murmuré. De ta fente coulait un jus de plaisir que j’ai bu avec avidité.
J’ignore bien sûr si tu te rappelles de tout cela. Mais moi oui, je m’en souviens encore.